Petite histoire
de l'art héraldique

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Évolution du moyen-âge à aujourd'hui

La codification du système

A partir du XIVe siècle la société entière est imprégnée par les armoiries. On en retrouve des rois aux serfs en passant par les villes, les chapitres, les corporations... Aucune législation n'encadre le port d'armoiries ou de certains meubles. Contrairement à ce que nous avons dit à la page précédente, dans les faits les blasons ne sont pas immuables et peuvent un individu peut en avoir plusieurs, en changer, même si cela reste minoritaire. Les souverains peuvent également donner des concession d'armes ou de meubles pour officialiser des changements ou des modifications d'armoiries.

Un nouvel office spécialisé dans les armoiries apparaît dans l'entourage de la noblesse peu après l'apparition des armoiries : celui de héraut d'armes. Probablement issus de la domesticité, les hérauts ont en charge l'organisation pratique des tournois et doivent identifier les participants d'après leurs écus pour les annoncer quand ils entrent en lice. Possédant de grandes connaissances héraldiques, ainsi qu'une mémoire des différents écus de leur région, ils accompagnent également leur seigneur à la guerre pour aider à organiser l'ost, dénombrer les morts, identifier les prisonniers... On leur doit la codification du système armorial, son vocabulaire précis pour décrire les écus, la définitions des couleurs et des formes, les brisures ainsi que la réalisation des premiers armoriaux à partir du XIIIe siècle.

Avant le XVIe siècle, il n'y a pas la rigueur que l'on trouve dans les manuels héraldiques des siècles suivants. L'artiste représente le blason dans ses grandes lignes et complète selon sa fantaisie, la place qu'il a, la taille du dessin.. On retrouve donc dans les armoriaux anciens de nombreuses divergences ou « fautes » dans les dessins et description. Le nombre de petites pièces est souvent assez aléatoire, des confusions existent entre des fascés et des écus à n fasces, entre chef et coupé... Les meubles sont en revanche relativement simples et stylisés, sans un certain nombre de détails (langues, griffes..). Des meubles proche distincts plus tard sont utilisés indifféremment l'un pour l'autre (alérion et aigle).

A partir du XVIe siècle on assiste à la fois à une diversification des meubles avec l'apparition de nombreux objets, animaux, plantes parfois exotiques (perroquet, rhinocéros, palmier etc) et à une codification parfois jusqu'à l'extrême des positions et des détails des meubles qui assèche le côté artistique de la réalisation d'armoiries. On assiste également à l'invention, en particulier quelques siècles plus tard au XIXe siècle, de toute une série d'adjectifs et de qualificatifs, parfois faussement médiévaux pour désigner toutes ces détails d'un art de plus en plus rigide. Les auteurs contemporains sont assez critiques envers cette surenchère de préciosité lexical et graphique accusé d'avoir complètement scléroser l'art héraldique en l'enfermant dans un cadre trop strict et éloigné de la liberté artistique de l'héraldique médiévale.

Lors de la fameuse séance du 19 juin 1790, la Constituante abolit la noblesse en France et toutes les marques de noblesse, ainsi que les armoiries, considérées comme un symbole de la noblesse. Aberration d'autant plus grande que comme nous l'avons vu précédemment, toutes les couches de la population ont pu posséder des armoiries et surement source de l'amalgame entre noblesse et armoiries encore présent aujourd'hui, alors qu'en 1789 la grosse majorité des armoiries appartenaient à des roturiers.

Par décret du 1er mars 1808, Napoléon crée la noblesse d'empire et lui adjoint un nouveau système héraldique différent de celui de l'Ancien régime en partie lié à la fonction occupée dans l'administration impériale.

Louis XVIII rétablit l'ancienne noblesse et les armoiries de l'ancien régime. Les armoiries napoléonienne subsistent sans les marques de dignité. Le second empire ne rétablira pas l'héraldique napoléonienne. Quand aux républiques, elle ne s'en occuperont pas. Il n'existe actuellement aucun organisme officiel chargé d'enregistrer les armoiries en France. La République n'en attribue pas non plus. Digne descendante de 1789, elle est même le seul État au monde à ne pas avoir d'armoiries à arborer lors des sommets internationaux.




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