Tutoriel
Terra incognita?
Partie II
Écu | Émaux | Pièces et meubles | Rebattements | Partitions | Dictionnaire (Rietstap)
Le nombre de "couleurs" -ou émaux pour utiliser le vocabulaire héraldique- utilisées en héraldique est relativement limité. L'héraldique française classique n'en use traditionnellement que de 6 (blanc, jaune, vert, bleu, noir et rouge). Ces émaux ont chacun un nom particulier et se divisent en 3 catégories : les métaux, les couleurs et les fourrures.
Les métaux sont au nombre de deux : l'or et l'argent.
L'or correspond à la couleur jaune, l'argent aux teintes entre le blanc et le gris. Ils symbolisent les deux métaux précieux les plus important du moyen-âge. Leur teinte dans la représentation en revanche n'a pas de reflets métalliques et ne correspond pas forcément à la couleur réelle de ces métaux.
Les couleurs sont traditionnellement au nombre de quatre : le sable, l'azur, le gueules et le sinople, auxquelles s'ajoute de manière très rare le pourpre.
Le sable correspond au noir, l'azur au bleu, le gueules au rouge, le sinople au vert et le pourpre au violet. L'origine de ces noms est sujet à de nombreuses discussions.
L'azur ne correspond pas à la couleur du même nom en français courant ; il désigne aussi bien un bleu clair qu'un bleu foncé.
De manière générale, les couleurs n'ont pas de teinte imposées : le gueules peut être aussi bien vermillon que bordeaux etc.
Les fourrures sont au nombre de deux : l'hermine et le vair auxquelles on peut rajouter leurs dérivés.
L'hermine ou d'argent semé de mouchetures de sable représente la fourrure de l'hermine (l'animal). Son fond est blanc recouvert de mouchetures, représentant le bout noir de la queue de l'hermine stylisé, sans nombres.
Le vair représente la fourrure du même nom de l'écureuil petit-gris, dont Cendrillon fit peut-être sa chaussure. Il est composé de clochettes bleues et blanches alternées sur plusieurs lignes, les bleues à l'endroit, les blanches à l'envers avec un décalage horizontal de moitié à chaque ligne. L'alternance des émaux représente l'assemblage des ventres blancs et des dos gris-bleu de l'animal dans la confection de manteau.
Dans leurs dérivés, on trouve le contre-hermine qui inverse les émaux (de sable semé de mouchetures d'argent), l'herminais, très rare, si le fond est d'or (d'or semé de mouchetures de sable), le contre-vair où les clochettes de même émaux sont opposés avec celles des rangs voisins, le vair en pal sans décalage horizontal à chaque ligne etc.
Parmi les émaux rares qu'on ne range traditionnellement pas avec les autres, mais que l'on rencontre parfois se trouve la carnation qui est la couleur de la chair, utilisée pour des représentations humaines, ainsi que tout ce que l'on désigne sous la couleur au naturel qui exprime la couleur naturelle de l'objet tel qu'on le trouve dans la nature.
On trouve également dans l'héraldique anglaise d'autres couleurs comme l'orangé, le tanné (marron), la sanguine (rouge sang) et le murrey (couleur mûre). En héraldique germanique, on trouve le fer ou acier ou cendrée (gris).
Il existe une règle en héraldique qui défend formellement de poser couleur sur couleur ou métal sur métal. C'est à dire que si par exemple le champ est un métal, les pièces qui y seront déposés ne pourront être également de métal. De même une pièce de métal ne peut pas être chargée d'autres meubles de métal. Idem pour les couleurs. Les fourrures échappent à cette règle et peuvent être disposées n'importe où. On peut toutefois remarquer que les fourrures dans leur composition respectent cette règle.
Les armoiries contrevenant à cette règle sont normalement incorrectes. Il en existe pourtant des exemples dont certain volontaires. L'exemple de Jérusalem (D'argent, à la croix potencée, alésée et cantonnée de quatre croisettes, le tout d'or) est l'exemple-type : l'usage des deux métaux est fait pour renforcer son prestige et mettre en avant son côté extraordinaire. On retrouve également des enquerres dans bon nombre de blason de ville française avec le chef de France (chef d'azur à trois fleurs de lys d'or rangées en fasce) quand il est sur un champ de couleur qui s'expliquent par le fait que cette concession faite aux « bonnes villes de France » est à l'origine un semé de fleur de lys (France ancien) qu'on pouvait considérer comme une fourrure.
Généralement, on parle de cousu quand on pose couleur sur couleur ou métal sur métal. Dans ce dernier cas on parle également de soudé.
On peut également noter qu'autrefois le sable a pu être considéré comme une fourrure (la zibeline).
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