Celuy ki tot honnour enſeigne,
Johan de Haſtingues a non,
La devoit conduire en ſon non;
Car il eſtoit o li remez
Li plus privez, li plus amez,
De kanques il en i avoit.
E voir bien eſtre le devoit;
Kar conneus eſtoit de touz
Au fair des armes feris e eſtous,
En oſtel douz et debonaires;
Ne onques ne fu juſtice en aires
Plus volentris de droit jugier.
Eſcu avoit fort e legier,
E baniere de oevre pareile,
De or fin o la manche vermeille.
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81. Johan de Hastingues Jean de Hastings D'or à la manche de gueules
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Celui qui montre tout honneur
Et avait pour nom Jean de Hastings
Devait la1 conduire en son nom,
Car elle lui avait été remise,
Étant le plus intime, le plus aimé
De tous ceux qu'il avait
Et il devait être le mieux vu
Car il était connu de tous
Dans le domaine des armes, hardi et téméraire,
À l'hôtel doux et débonnaire;
Jamais il n'y eut juge en Eyre
Plus volontaire pour juger avec droiture.
Il avait un écu fort et léger,
Et une bannière de pareil ouvrage
D'or fin à la manche vermeille.
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Eymons, ſes freres li vaillans,
Le label noir i fu cuellans.
A ki pas ne devoit faillir
Honnours, dont ſe penoit cuellir
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82. Eymons, ses freres Edmond de Hastings D'or à la manche de gueules, au lambel de sable brochant
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Edmond, son vaillant frère
Avait choisi le lambel noir.
Lequel ne devait pas faillir
À l'honneur qu'il avait durement acquis.
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Un bacheler jolif e cointe,
De amours e de armes bien acointe,
Avoint-il à compaignon,
Johans Paignel avoit à non,
Ke en la baniere verde peinte
Portoit de or fin la manche peinte.
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83. Johans Paignel Jean Paignel De sinople à la manche d'or
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Un bachelier joli et accompli
Bien instruit en amour et en armes
Ils avaient comme compagnon
Dont le nom était Jean Paignel
Qui sur la bannière peinte en vert
portait une manche peinte d'or fin.
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E quant li bons Eymons Deincourt
Ne pout mie venir à court,
Ses deuz bons filz en ſon leu miſt,
E ſa baniere o eus tramiſt,
De inde colour de or billetée,
O une dance ſurgetté.
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84. Eymons Deincourt Edmond Deincourt D'azur billeté d'or à une fasce vivrée du même
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Et quand le bon Edmond Deincourt
Ne put venir à la cour
Il envoya à sa place ses deux bon fils
Et leur transmit sa bannière
Couleur indigo billetée d'or
À une dance jetée par dessus.
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De Johan le fis Mermenduk,
Ke tuit priſoient, prince e duc,
E autre ke li conoiſſoient,
La baniere renbelliſſoient
La feſſe e li trois papegai
Ke a daviſer blancs en rouge ai.
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85. Johan le fis Mermenduk Jean Fitz-Marmaduke De gueules à une fasce d'argent accompagnée de trois perroquets du même
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De Jean le Fitz-Marmaduke
Que tous prisaient, princes et ducs,
Et les autres qui le connaissaient,
La bannière était décorée
D'une fasce et de trois perroquets
Qui étaient dessinés blancs sur rouge.
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E Morices de Berkelée,
Ki compaigns fu de cele alée,
Baniere ot vermeille cum ſanc,
Croiſſillie o un chievron blanc,
Où un label de aſur avoit,
Por ce que ſes peres vivoit.
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86. Morices de Berkelée Maurice de Berkeley De gueules semé de croisettes d'argent à un chevron du même
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Et Maurice de Berkeley
Qui était un compagnon dans cette expédition
Avait une bannière vermeille comme sang
Croisillé avec un chevron blanc
Où il y avait un lambel d'azur
Parce que son père vivait.
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Mes Alliſſandres de Bailloel,
Ke a tout bien faire gettoit le oel,
Blanche baniere avoit el champ,
Al rouge eſcu voidié du champ.
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87. Allissandres de Bailloel Alexandre de Bailliol D'argent à un orles de gueules
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Mais Alexandre de Bailliol
Qui jetait son œil sur ce qui se faisait bien
Avait une bannière au champ blanc
À l'écu vidé du champ.
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A cestui daerein nomé
Ai, ſanz les doubles aſſomé,
Seiſſante e vint e ſet banieres
Ki tienent les voies plenieres
Au chaſtel de Karlaverok.
Ne pas ne ert pris de eſchek de rok,
Ainz i aura trait e lancie,
Engine levé e balancie
Cum nous vous en aviſeroms,
Kant le aſſaut en deviſeroms
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Avec ce dernier nommé
J'ai, sans compter les doubles,
Quatre-vingt-sept bannières
Qui tiennent les grandes voies
Vers le château de Caerlaverock
Il ne sera pas pris comme une tour d'échec
Mais il y aura des projectiles
Des engins montés et suspendus
Comme nous vous en aviserons
Quand nous deviserons de l'assaut.
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